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TorahAnytimes Newsletter Parachat Tsav en francais

Parshat Parachat Tsav en francais

Compiled and Edited by Elan Perchik

Challah

"The TorahAnyTimes" Newsletter en français

Parachat Tsav                                                                                              Print Version       
16 Adar II 5779 | 23 Mars 2019

Compilé et édité par Elan Perchik
Traduit par Sarah Saghroun



Mlle 'Hevi Garfinkel
Les discours qui ont voyagé

רוח והצלה יעמוד ליהודים ממקום אחר
La délivrance et le salut surgiront pour les juifs d'autre part (Esther 4, 14)

On m'avait invitée à parler à un Chabbath plein à Cincinnati, et j'avais prévu de préparer trois discours respectivement pour le vendredi soir, le Chabbath midi et la se'oudah chlichith. Je pensais que j'aurais suffisamment de temps d'ici ce Chabbath-là pour les écrire et je ne m’étais donc pas mise immédiatement au travail. J'avais remis cela à plus tard.

Dès que j'ai appris que je serai à Cincinnati ce Chabbath, j'ai su que j'avais un coup de fil à passer. Cela faisait près d'une décennie qu'une de mes proches amies insistait pour que je vienne lui rendre visite à Cincinnati. Je lui avais répondu dans le passé que si elle trouvait quelqu'un qui me ferait venir là-bas en tant qu'oratrice, je serais heureuse de passer du temps avec elle. Mais cette idée ne s'était jamais concrétisée. En réalité, nous vivions à des kilomètres l'une de l'autre, et nous ne nous voyions jamais. Mais maintenant, l’occasion se présentait enfin ! En tout cas, c'est ce que je pensais à ce moment.

Lorsque je l'appelai pour l'en informer, elle fut déçue : « 'Hévi, je ne peux pas te croire ! Tu vas venir le Chabbath que je ne passerai pas chez moi ». Elle devait assister à une conférence et ne serait donc pas en mesure de m'héberger. Là, j'étais coincée. Mais attentionnée comme l'était mon amie, elle trouva une autre solution. Elle organisa que quelqu'un vienne me chercher à l'aéroport, et qu’une famille m'héberge pour le Chabbath.

Entretemps mon père tomba malade et fut hospitalisé. Mes frères, mes sœurs et moi-même arrangions des tours de garde pour passer les Chabbatoth avec lui. Après un certain temps, Baroukh Hachem, son état se stabilisa. La date du Chabbath plein approchait également, mon temps de préparation se faisait plus court et je ne savais toujours pas ce que j’allais dire.

Il était prévu que mon vol décolle jeudi soir et atterrisse à 23h30 à Cincinnati. J'espérais pouvoir passer une bonne nuit de sommeil, puis mettre à profit la journée de vendredi pour préparer mes discours. Mais cette idée tomba à l'eau. Un retard dans le vol fut annoncé, et je sus donc que je dépasserai l'horaire déjà tardif, quoiqu'encore raisonnable de 23h30. La situation n'alla pas en s'améliorant car un retard supplémentaire fut à nouveau annoncé. Après deux retards et un vol épuisant, j’arrivai enfin à Cincinnati à 1h30 du matin.

Lorsque Peninah, la jeune fille envoyée par mon amie, m’accueillit à l’aéroport, j'étais très fatiguée. Je n'étais pas au meilleur de ma forme lorsque je m'installai dans la voiture. Alors que nous arrivions enfin chez la famille qui devait me loger, il était déjà très tard et j'étais plus qu'épuisée. Mais comme rien n'allait particulièrement bien, je ne fus pas surprise outre-mesure d'être confrontée à une nouvelle difficulté. En me dirigeant vers la porte d’entrée, je me rendis compte que toutes les lumières de la maison étaient éteintes et que la porte était fermée. A ce stade, je me mis presque à rire à en pleurer.

Je me tournai vers Peninah et je suggérai : « Et si je venais dormir chez vous ? » Elle répondit : « En fait, je ne suis pas de Cincinnati, je viens de Cleveland. Je suis hébergée chez une famille charmante et il n'y a aucun problème à ce que vous veniez passer la nuit chez eux. » Dès qu'elle me dit cela, je soupirai de soulagement. Il était hors de question que je réveille une famille que je n'avais jamais rencontrée auparavant. Et nous sommes donc remontées en voiture.

Sur la route, Peninah se tourna vers moi : « Savez-vous, dit-elle, vous gérez très bien la situation ! ». Je pensai alors à tous les moments difficiles que j'avais traversés récemment et je répondis : « Eh bien, Baroukh Hachem, mon père est en vie et va bien. Il a retrouvé toutes ses facultés. Je ressens une immense gratitude envers Hachem. Et je sais qu'il s'agit du même D. qui m'a mise dans cette situation. C'est pour cela que je ne me plains pas. » Peninah intégrait ce que j'étais en train de lui dire, et je poursuivis : « La seule chose qui me préoccupe maintenant, c'est ce que je vais bien pouvoir dire au Chabbath plein. J'espérais arriver à Cincinnati à une heure raisonnable, passer une bonne nuit de sommeil, et préparer mes discours demain, mais maintenant, je ne sais pas très bien dans quel état je serai demain. »

A ces mots, Peninah intervint immédiatement : « Je sais exactement de quoi vous parlerez au Chabbath plein. » Je ne comprenais pas très bien comment elle pouvait savoir ce que j'allais dire, alors que je n'en avais pas moi-même la moindre idée, et j'étais troublée : « Que voulez-vous dire ? » demandai-je. « Je vous le dirai quand nous serons arrivées à la maison » répondit-elle.

Arrivées chez elle, Peninah me regarda : « Mademoiselle Garfinkel, j'ai quelque chose à vous dire. Il y a deux ans, quand j'étais en Terminale à Cleveland, vous étiez venue à l'occasion d'un Chabbath plein. Vous aviez parlé vendredi soir, Chabbath midi et se'oudah chelichith. Après Chabbath, quelques filles, dont moi, sommes venues vous trouver : « Nous avons beaucoup apprécié ce que vous avez dit, c'était magnifique. Le seul problème est que nous n'avons pas pu prendre de notes, puisque c'était Chabbath. Cela vous dérangerait-il s’il vous plait, de nous laisser une copie de vos notes ? » A ces mots, vous avez souri et vous avez répondu : "J'aurai été très contente de vous laisser une copie des notes que j'ai apportées, mais personnellement, je ne pense pas qu'elles vous seront d'une grande aide. Ce que je dis dans la réalité n'a pas grand-chose à voir avec les notes que j'avais écrites sur papier. Il se peut que vous retrouviez une partie des discours sur mes feuilles, mais pas tous les discours dans leur intégralité."

Lorsque vous nous avez dit cela, nous n'avons pas baissé les bras : "Alors pourriez-vous écrire brièvement le contenu des discours que vous avez prononcés ?" En entendant à quel point nous étions sincères et enthousiastes, et à quel point nous désirions conserver l'inspiration que nous avions tirée de vos discours, vous avez été impressionnée et touchée, puis vous avez obtempéré avec plaisir. Avec l'aide de quelques autres filles, vous avez réécrit vos notes et nous les avons tapées à l'ordinateur. »

Alors que Peninah finissait de me raconter cette jolie histoire qui s'était passée deux ans auparavant à Cleveland, je lui demandai en quoi cela pourrait m'aider à Cincinnati. Mais j'étais loin de me douter que l'histoire ne s'arrêtait pas là.

« Vous ne comprenez pas, poursuivit Peninah. J'ai tellement apprécié ces discours que j'ai emporté ces notes avec moi quand je suis allée au séminaire en Israël. Et lorsque j'ai quitté Israël pour venir à Cincinnati, je les ai également prises avec moi. Je les ai sur moi. Voilà vos discours. »

Et sur ces mots, elle me tendit mes discours clairement tapés à l'ordinateur prêts pour le vendredi soir, le Chabbath midi et la se'oudah chelichith.

J'étais stupéfaite, et mes pensées se mirent à se bousculer dans ma tête. J'avais presque envie de m'excuser auprès de Peninah d’avoir dû transporter ces feuilles à travers le monde. Mais ensuite, je me suis rendue compte que ces notes que j'avais écrites avec ces jeunes filles deux ans plus tôt ne l’avaient pas été seulement à leur intention ; c'était aussi pour moi. Hachem me disait : « Tu penses que tu écris ces notes que pour elles ? Dans deux ans, tu passeras par des moments difficiles, et tu en auras aussi besoin. Et il y aura une jeune fille, Peninah, qui voyagera de Cleveland en Israël puis d'Israël à Cincinnati et elle emportera ces notes avec elle pour toi. Fais-Moi confiance, il y a une raison à tout ».

Dans les mots de Mlle Garfinkel : « A chaque fois qu'on ressent la hachga'ha pratith (Providence Divine) dans nos vies, il nous faut prendre un temps de réflexion. Imaginez ce qui se serait passé si mon amie avait été chez elle ce Chabbath. Elle m'aurait cherché à l'aéroport et je n'aurais jamais rencontré Peninah. Et imaginez que mon vol n'ait pas été retardé ; je n'aurais jamais eu cette discussion avec Peninah ; elle m'aurait simplement emmené chez mes hôtes. Et imaginez que je ne lui aie pas dit que je ne savais pas de quoi j'allais parler… J'aurais pu préparer mes discours pour ce Chabbath la veille, mais Hachem me les avait préparés avec deux ans d'avance. »

Rav Ocher 'Haim Levene
Zerech et Esther: Détruire et construire

ארורה זרש...ברוכה אסתר
Maudite soit Zerech… Bénie soit Esther (Poème liturgique "Chochanath Ya'akov")

Nous connaissons tous les noms de Mordekhai, Esther, A'hachvéroch et Haman. Cependant, il y a aussi un personnage beaucoup moins connu, mais qui a joué un rôle à part entière. Il s'agit de Zerech, la femme ignoble de Haman, mentionnée seulement quatre fois dans la méguilah, mais qui projetait des plans malfaisants contre le peuple d'Israël dans les coulisses. Si on se penche sur son histoire, on découvrira des leçons extraordinaires qui se cachent dans l'histoire de Pourim.

Après que Esther ait invité Haman au repas festif qu'elle organisait pour A'hachvéroch, la bonne humeur de Haman retomba aussi rapidement qu'elle était venue. En constatant le refus catégorique de Mordekhai de reconnaitre sa grandeur, Haman rentra chez lui déchainé et fulminant de colère. Il épancha sa frustration auprès de ses conseillers et de sa femme et se vit donner le conseil de tuer Mordekhai : « Prépare une potence de cinquante coudées de haut, conseilla sa femme, et pend Mordekhai ».

Le midrach explique que Haman avait trois cent soixante-cinq conseillers, qui correspondaient aux jours du calendrier solaire, mais sa femme était la plus éminente de tous. C'est pour cela que la méguilah la démarque : c'était celle qui avait émis l'avis qu'il faudrait tuer Mordekhai d'une manière dont jamais aucun juif dans l'histoire n'avait été sauvé.

Une des poutres de fondation de la maison de Haman était d'une longueur de cinquante coudées, et avait appartenu à l'arche de Noa'h. Zerech, explique le midrach, fit démolir sa maison pour enlever cette poutre et l'apprêter en tant que potence pour Mordekhai. Bien sûr, la suite des événements a vu le complot de Zerech renversé, puisque la potence n'a pas été utilisé pour pendre Mordekhai, mais pour pendre Haman. Ensuite, terrifiée pour sa propre vie, Zerech s'enfuit, fut réduite à une vie de mendicité, et fut finalement exécutée.

Au sujet du passouk : « חכמת נשים בנתה ביתה ואולת בידה תהרסנו – La femme intelligente construit sa maison, alors que la femme stupide la détruit de ses mains » (Michlé 14, 1), le midrach explique que la "femme intelligente" fait référence à Esther, alors que la "femme stupide" fait référence à Zerech. Dans le même ordre d'idée, le poème liturgique Chochanath Ya'akov, chanté juste après la lecture de la méguilah, se termine avec le vers : « Maudit soit Haman qui a cherché à me détruire ; béni soit Mordekhai le juif. Maudite soit Zerech, la femme de celui qui me terrifiait ; bénie soit Esther qui a tout sacrifié pour moi. » Comme on peut clairement le voir des contrastes mis en évidence dans ces deux sources, Zerech et Esther font contrepoids l'une l'autre. Zerech, avec son complot de destruction des juifs est face à Esther, qui rétablit l'équilibre de par ses efforts inlassables d'épargner le peuple juif de l'annihilation. Il reste à comprendre la mise en place de ce parallèle. Pourquoi est-ce Zerech plutôt que la reine Vachti qui est mise en parallèle avec Esther ?

Afin d'évaluer correctement la personnalité de Zerech, il est nécessaire de nous pencher sur une phrase énigmatique du Arizal : « Zerech était comme la queue d'un serpent et la jambe de la lettre kouf (ק) ». Qu'est-ce que cela signifie ? Lorsqu'Adam Harichon, l'apogée de la création, s'est vu insuffler la vie, la Torah déclare que Hachem le bénit. Au sens simple, cela signifie que par Adam se réaliserait la bénédiction dans le monde. Le concept de bénédiction, explique Rav 'Haim Volozhin, est de reconnaitre D. en tant que source de toute bénédiction, et le moyen par lequel la bonté se répand dans le monde. A cet égard, un juste est loué pour être le moyen par lequel la bénédiction descend dans le monde, alors que le mauvais est condamné pour l'inverse. Le mauvais, en poursuivant ses plans malveillants, tire l'humanité en arrière, l'éloigne de l'atteinte de son accomplissement, et ne fait qu'introduire la malédiction dans le monde.

'Hazal enseignent que Adam et 'Hava avaient été créées en une entité ; ce n'est que par la suite qu'ils furent séparés. Créés en une entité au gan 'eden, c'était 'Hava qui devait apporter la bénédiction à Adam et au monde au sens large. Il en est ainsi parce qu'une femme, par son soutien et par l'aide qu'elle apporte à son mari et à sa famille fait pénétrer dans son foyer la sainteté et la bonté. De ce fait, R' Yossi avait coutume de désigner sa femme "ma maison" (Chabbath 118b), en reconnaissance du rôle essentiel de cette dernière dans la création de l'infrastructure spirituelle de son foyer.

Ainsi, une femme peut soit construire soit détruire son foyer. Si elle est sage, ainsi que Chlomo Hamélekh l'enseigne, elle construira son foyer ; en revanche, si elle est stupide, elle le détruira et entrainera sa perte ainsi que celle de sa famille. On se rappellera toujours de Esther, la écheth 'hayil incarnée, en tant que la femme sage et avisée, parce qu'elle avait fidèlement soutenu son mari, Mordekhai, et avait sauvé les vies du klal Israël. Zerech, en revanche, avait fait exactement l'inverse : en plus de son infidélité vis-à-vis de Haman, c'est son projet d'exécuter Mordekhai qui a provoqué la chute de son mari. Représentant la quintessence d'une femme stupide, son plan sadique a littéralement détruit les vies de son mari et de ses enfants.

C'est la raison pour laquelle elle est comparée à la queue d'un serpent et à la jambe de la lettre kouf. Lorsque le serpent originel avait réussi à pousser 'Hava à la faute en la faisant manger du fruit de l'Arbre de la Connaissance dans le gan 'eden, la malédiction s'était installée dans le monde. Comment le serpent avait été puni suite à cela, ses jambes furent coupées (Béréchith Rabba 20, 5). Le serpent devrait désormais ramper pour se déplacer.

La queue du serpent se trouve être en même temps sa force et son point de vulnérabilité. Elle lui permet de se déplacer, mais c'est par elle qu'il peut être pris au piège par ses chasseurs. Il en est de même de la jambe du kouf. Contrairement aux lettres qui forment le mot אמת (vérité) qui se tiennent sur deux "jambes" formant ainsi une base solide, les lettres du mot שקר (mensonge) se terminent toutes par un pic abrupt. Cela va dans le sens du fait que l'honnêteté perdurera tandis que le mensonge trébuchera et finira par s'effacer. A cet égard, 'hazal ont écrit : "le mensonge na pas de jambe" (voir Chabbath 104a). C'est la raison pour laquelle le serpent a perdu ses jambes. Comme il avait sournoisement entrainé 'Hava à fauter, il fut puni par la perte des deux jambes qui le soutenaient.

'Havah également, selon une opinion, avait été créée à partir d'un membre qui ressemblait à une queue et qui était attaché à Adam Harichon lors de la création originelle de l'Homme ('Erouvin loc. cit.) En tant qu'épouse, elle présente une similarité avec la queue en cela qu'elle peut soit soutenir son mari, soit causer sa chute et sa ruine. Voila en quoi consistait la différence entre Zerech et Esther. Zerech supplanta la bénédiction par la malédiction, et au lieu de soutenir son mari engendra finalement sa chute. Esther en revanche fut à la hauteur de son rôle féminin original et guida Mordekhai et le peuple Juif vers le salut et la délivrance.

Voilà l'impact extraordinaire que chaque femme peut avoir. En soutenant sa famille et son entourage, elle peut choisir de suivre la voie de Esther, et les diriger gracieusement vers une vie de bénédiction et de "lumière, contentement, joie et honneur" (Esther 8, 16).

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