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TorahAnytimes Newsletter Parachat Chémot en français

Parshat Parachat Chémot en français

Compiled and Edited by Elan Perchik

Challah

"The TorahAnyTimes" Newsletter en français

Parachat Chémot                                                                                              Print Version
21 Tevet 5779 / 29 décembre 2018

Compilé et édité par Elan Perchik
Traduit par Sarah Saghroun


Rav Zekharia Wallerstein
De Abby à Avigail

וכל הבת תחיון
…Toute fille, laissez-la vivre (Chémot 1:22)

A Brooklyn, New York, se trouve un centre de post-désintoxication appelé "L'espace de Judah". Ce centre est destiné à des jeunes gens et jeunes filles Juifs qui sont passés par une cure de désintoxication réussie. Leur problème ne s'arrête pas définitivement à cette cure, puisque lorsqu'il y a eu addiction, les rechutes sont très récurrentes. C'est pour prévenir ces retours dans les tristes passés d'abus de drogues que ce centre été ouvert pour eux, avec des tables de billards, des tables de ping-pong, des ordinateurs, de la musique et des canapés. L'idée est de leur permettre de disposer d'un lieu d'accueil convivial, sans risques ni tentations, qui leur offrirait la possibilité de passer du bon temps jusqu'à minuit avant de rentrer chez eux pour la nuit.

J'ai reçu un jour un appel d'un des responsables de "l'Espace de Judah". « Rav Wallerstein, m'a-t-il dit, pourriez-vous nous rendre un service ? C'est bientôt Tich'a Beav (le 9 Av), et la nuit de ce jeûne est particulièrement longue pour les adolescents, ici. Pourriez-vous vous adresser aux garçons et aux filles à minuit ? » C'est vrai que j'enseignais à une classe de quatrième, garçons depuis vingt-six ans dans ce qu'on appelle une école de kirouv. Dans ce genre d'école, les garçons viennent généralement de foyers non-religieux et souhaitent bénéficier d'une éducation juive. L'enseignement s'y fait de façon calme et sereine. Ils apprennent la guemara, ils ont droit à des activités sportives et à de la pizza, etc. Mais je n'avais encore jamais parlé à des jeunes qui n'étaient pas religieux du tout, ou qui avaient été religieux mais avaient lâché la religion. Cependant, je n'allais pas répondre par la négative, alors j'ai accepté.

Le soir du 9 Av, je me suis préparé et je me suis dirigé vers l'Espace de Judah. En entrant, j'ai d'abord vu trois filles et trois garçons assis sur un canapé. J'ai pris place en face d'eux et je leur ai dit avec un grand sourire : « Bonjour, je suis le Rabbin Wallerstein. » Une petite parenthèse sur ce qui se passe avec les jeunes de la rue : Si vous êtes rabbin et qu'un groupe de garçons veut vous parler, il y en aura toujours au moins un pour essayer de vous démolir. Si un d'eux ressort vainqueur au premier débat, vous avez perdu la bataille et ils s'en iront tous. Si en revanche, vous avez gain de cause, vous les tiendrez dans votre poche, et ils seront tous curieux d'entendre ce que vous avez à leur dire. Ils vous diront : « Rabbin, on vous aime bien. Qu'est-ce que vous avez d'intéressant à nous raconter ? ». Ce soir du 9 Av, une des trois filles présentes avait quatorze ans et s'appelait Abby. Alors que je me présentais, elle sauta du canapé, et s'approcha de moi. Elle avait des piercings de partout sur le visage, notamment sur ses sourcils, sur son nez et sur sa langue. En fait, son visage était tellement parsemé de métal que je me suis estimé heureux de ne pas être entré dans la salle avec un aimant en poche ; je n'aurais jamais pu sortir de là. Nous aurions été bloqués ensemble à vie !

Je n'avais jamais rien vu comme cela auparavant. Alors qu'elle marchait vigoureusement vers moi, je sentais déjà qu'elle bouillonnait de colère. Elle se mit à hurler : « Vous savez quoi, Rabbin ? » Et j'ai entendu des mots que je n'aurais jamais cru entendre. Elle prononçait des jurons tous les deux mots. De ma vie, personne ne m'avait parlé de cette manière. Dans son discours, elle me descendait moi, le judaïsme en général, et D. avec, en utilisant un vocabulaire des plus dégradants. J'avais envie de lui dire : « Bon, bon, ça va ; merci beaucoup ; j'ai compris » et de sortir de la salle. Je n'avais jamais entendu une telle manière de parler et j'étais absolument hors de moi.

Toujours assis à ma place, je me suis mis à penser : « Hachem, un télégramme-réponse de Ta part ne serait pas de trop, je ne sais pas quoi lui répondre. » Je me suis tourné vers Abby, et je lui ai dit : « Abby, sais-tu quoi ? Tu es vraiment très spéciale. » En entendant ça, elle s'est remise à jurer. J'ai essayé de lui montrer que j'étais de bonne foi : « Non, je suis sincère. Vois-tu Abby, je suis venu ici pour m'asseoir avec vous et vous prouver que D. existe. Mais toi, tu crois déjà en D. Tu L'as maudit. Tu n'as pas dit : "Maudits soient les martiens." Il se peut que tu n'aimes pas D., que tu sois fâchée contre lui. Mais tu sais qu'Il existe. Tu ressens émotionnellement que c'est Lui qui dirige le monde. Abby, sais-tu combien de temps je passe à essayer de prouver à des jeunes dans la rue que D. existe ? Mais toi, tu crois déjà en Lui ! Tu es plus en avance que tous les autres ! Tu es formidable ! »

On lisait sur le regard de toutes les filles assises sur le canapé : « On aime bien ce Rabbin… » Abby m'a fixé du regard. Je savais que c'était le moment décisif. Si elle répondait : « Non, vous avez tout faux, je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites », tout le monde partirait. J'aurais perdu la bataille. Si en revanche, elle baissait les armes, j'aurais une chance de pouvoir placer un autre mot… Et là, elle a dit : « Vous êtes cool ».

Je suis resté à l'Espace de Judah jusqu'à 4h du matin. Alors que je me préparais à sortir et à refermer la porte derrière moi, Abby s'est approchée de moi et m'a demandé : « Rav, est-ce que je peux vous demander quelque chose ? » J'ai répondu : « Bien sûr ! » Et elle m'a demandé : « Est-ce que je peux faire 'havrouta (étude en binôme) avec vous ? Est-ce que nous pouvons étudier ensemble ? » Je lui ai répondu en souriant que je n'avais aucune 'havrouta pour le moment et que j'étais disponible. Et je suis sorti.

Abby est devenue partie intégrante de ma famille. Elle venait souvent chez moi. Mais je dois dire que quelque chose me dérangeait beaucoup chez elle : son piercing sur la langue. A chaque fois qu'elle parlait, son piercing n'arrêtait pas de monter et de redescendre. A chaque fois qu'Abby mangeait de la soupe, mes filles essayaient de se pencher pour regarder à l'intérieur de sa bouche. En termes d'éducation, ce n'était pas génial. Je lui ai alors dit un jour : « Ecoute, Abby, donne¬-moi ton piercing. Tu grandis tellement dans ton judaïsme, et tu apprends tellement. Laisse ce piercing. » Mais elle n'était pas prête à y renoncer. Elle me disait : « Rav, ce piercing fait partie de moi-même. Il m'aide à me sentir spéciale. Je ne le lâcherai jamais. » J'étais ennuyé de la voir tellement attachée émotionnellement à ce petit piercing, mais je n'ai pas essayé de forcer.

Quelques semaines plus tard, j'ai remis le sujet sur le tapis, et elle a de nouveau refusé. Il était hors de question que je la sépare de son piercing adoré. J'ai ensuite essayé de lui faire une proposition que j'étais sûr qu'elle ne pourrait pas refuser. Elle n'avait pas d'argent, et elle était pratiquement à la rue. J'ai donc tenté à nouveau : « Abby, voilà cinq cent dollars, et je te les donne à condition que tu me donnes ce piercing. » Mais il n'y avait rien à faire, et elle me rappelait : « Rav Wallerstein, vous ne pouvez pas comprendre. Si je le retire, c'est comme si je n'existais plus. Il me définit en tant que personne. »

C'était le soir de Sim'hat Torah. Elle était restée chez moi tout Soukoth, et nous revenions de la synagogue. J'avais en tête l'histoire de quelqu'un qui s'occupait de ba'alé techouva en Israël. Cette personne s'occupait de jeunes ayant toutes sortes de passés, y compris ceux qui portaient des boucles d'oreille et autres piercings. Il avait utilisé le métal contenu dans tous leurs piercings réunis et en avait décoré la parokhet (rideau) qui protège le Sefer Torah. En pensant à cette histoire, j'ai eu une inspiration subite : « Abby, faisons un pacte » « Quoi ? » a-t-elle demandé. « Si tu me donnes ton piercing, je le garderai très précieusement dans la sacoche qui contient mon tallith. Je le mettrai dans cette sacoche, et je le regarderai tous les jours. Et à chaque fois que je le regarderai, je penserai à Abby, pour le restant de mes jours. »

Abby m'a regardé avec étonnement, et m'a demandé : « Vous voulez dire que vous allez mettre mon piercing dans votre sacoche de tallith ? » « Exactement, ai-je assuré. On me posera certainement des questions, mais ma décision est prise. » Lorsqu'elle a entendu ces mots, elle m'a dit : « Fermez vos yeux, et ouvrez la main », elle a sorti le piercing de sa langue, et l'a déposé sur ma main. J'ai eu une sensation de dégoût, et l'envie instinctive de jeter l'objet et de me nettoyer la main, mais ce piercing était l'objet le plus précieux du monde.

Au jour d'aujourd'hui, ce n'est pas un piercing que je porte dans la sacoche de mon tallith, c'est une trentaine de piercings. Il existe beaucoup d'"Abby" de nos jours.

Bien des années plus tard, ma femme et moi étions en voyage en Erets Israël. C'était la veille de Chabbath, un jour avant Lag Ba'Omer. J'ai entendu une voix interpeller « Rav ? » J'ai tourné la tête, et ce que j'ai vu était incroyable. C'était Abby, la tête couverte, avec un foulard lui recouvrant presque complètement les sourcils. Et à côté d'elle, il y avait trois petits garçons habillés comme des 'hassidim et son mari. « Abby, lui ai-je demandé, est-ce que c'est vraiment toi ? » Elle m'a répondu : « Non, je suis Avigail, maintenant. » Cela faisait des années que je ne l'avais pas revue : « Où est-ce que tu habites maintenant ? », lui ai-je demandé. Elle a répondu : « En Judée-Samarie, dans un moshav. Et vous ne croiriez pas ce que je vais vous dire maintenant. » « Quoi ? », ai-je demandé avec une grande curiosité. « Je suis une morah (enseignante), et j'enseigne à une classe de CE2 ».

J'étais là, stupéfait. Soudain, elle a levé le ton d'un seul coup et a dit : « Rav, je ne vous comprends pas ! » J'ai pensé un instant qu'elle reprenait ses anciens plis et la pensée qui m'a traversé l'esprit était : « Non, non, non. Pas encore une fois. » J'ai essayé de vérifier s'il y avait un piercing sur le visage, mais je n'en ai pas vu. Et elle a repris : « Rav, je n'arrive pas à comprendre pourquoi vous ne venez pas vivre en Israël ! Ne savez-vous pas que chaque pas que l'on marche dans ce pays équivaut à une mitsvah ?! »

De Abby à Avigail, d'une haine envers Hachem à l'amour de Hachem, d'un piercing sur la langue à une bague de mariage et des enfants splendides élevés dans un foyer pleinement Juif, une nechamah (âme) qui s'est recréé un lien avec son Créateur. Quelle était la chose que Abby recherchait avec tant d'insistance et pendant tant de temps ? La reconnaissance. Le jour où elle a entendu : « Je penserai à toi tous les jours ; à mes yeux, tu es importante », son piercing s'est senti plus à l'aise dans une sacoche de tallith que dans sa bouche. Chaque nechamah Juive est un bijou précieux aux yeux de Hachem. Qu'Il chérit, et dont Il attend le retour à Lui. Il attend patiemment ce moment. Jusqu'à ce que finalement, quelqu'un allume la flamme et déclenche ce retour. Les émotions de dégoût vis-à-vis de Hachem et du judaïsme se transforment alors en sentiments d'aspiration vers la sainteté et vers une connexion intense à la Torah. La vie se poursuit avec un changement vers le mieux et pour le mieux. Abby n'est plus Abby. Elle est aujourd'hui Avigail, une merveilleuse enseignante qui éduque des enfants Juifs et transforme leur vie. Même quand la nechamah a l'air très loin de tout lien avec le judaïsme, de tout lien avec D., D. peut la ramener à lui avec amour, chaleur et attention. Notre Papa nous attend à bras ouverts. !

M. Charlie Harary
L'Effet Pygmalion

En 1968, Robert Rosenthal, Professeur à l'université Harvard et Lenore Jacobson, directrice d'une école primaire, ont publié les résultats de leur étude révolutionnaire. Connue sous le nom "Effet Pygmalion", cette étude a permis à Rosenthal et Jacobson de créer un outil primordial dans le cadre du développement personnel : la représentation mentale. En deux mots, les attentes que les enseignants ont vis-à-vis des capacités scolaires de leurs étudiants affecteront de manière indirecte le travail que les étudiants fourniront et les résultats qu'ils obtiendront.

La représentation mentale que l'étudiant se crée de lui-même et de ses capacités, indirectement dictée par son enseignant, conditionne son succès. Si l'enseignant croit fermement qu'un certain étudiant réussira, il est probable qu'il réussira. Si l'enseignant ne croit pas que l'étudiant réussira, l'étudiant aura moins de chances de réussir. L'attitude et les actes d'un enseignant anticipant l'échec d'un certain étudiant seront autant d'ondes négatives que l'étudiant percevra et intériorisera, et en fonction desquelles il réagira. De fait, il aboutira à une performance faible et un travail médiocre.

Dans le cadre de la démonstration de leur thèse, Rosenthal et Jacobson ont conduit une expérience dans une classe d'école, et les résultats en pratique correspondaient avec la théorie qu'ils avaient développée : ils ont choisi cinq élèves de manière aléatoire, et ont informé l'enseignant qu'il s'agissait d'élèves particulièrement doués, dotés d'un QI très élevé. Leurs notes aux contrôles ont été observées en début d'année, puis de nouveau en fin d'année. A ce stade, alors que l'année touchait à sa fin, leurs résultats étaient nettement au-dessus des résultats des autres élèves de la classe.

Lorsqu'ils ont essayé de comprendre ce qui s'était passé, Rosenthal et Jacobson sont arrivés à la conclusion que compte tenu du fait que la seule différence entre ces cinq élèves et le reste de la classe tenait à l'attente que leur professeur avait d'eux, c'est que forcément, c'est cet élément qui les a poussés à la réussite. L'enseignant attendait mieux de ces élèves et il voyait un grand potentiel en eux, et c'est cette attitude qui les a poussés à chaque fois plus haut, et qui leur a donné la possibilité de faire mieux que l'élève moyen.

Nous avons tendance à penser que nous construisons nos croyances en fonction de ce que nous vivons et voyons autour de nous. Nous sommes ce que nous sommes et nous possédons ce que nous possédons. En conséquence, les éducateurs et les parents n'en attendent pas plus d'un élève ou d'un enfant que ce dont il est apparemment capable. Il va donc de soi que chacun à l'échelle individuelle n'attend pas plus de lui-même que ce dont il se croit capable. Sinon, en cas d'échec, nous nous laisserions aller au désespoir. Chacun détermine son niveau d'intelligence, et à partir de là, envisage ce qu'il sera capable d'accomplir dans la vie.

Mais d'après la découverte de Rosenthal et Jacobson, c'est le contraire qui est en réalité vrai. Ce sont les croyances qui façonnent la réalité et non l'inverse. Les cinq élèves de l'expérience n'étaient pas plus intelligents que les autres. Mais ils avaient un avantage par rapport à leurs camarades : ils avaient quelqu'un qui croyait en eux, qui avait des attentes favorables vis-à-vis d'eux, et qui était certain de leur réussite. C'est ce paramètre qui avait entrainé ces élèves à également croire en eux-mêmes et à créer une nouvelle réalité de succès, qu'aucun d'eux n'auraient imaginé auparavant. C'est pourtant ainsi que cela fonctionne réellement. C'est ce que nous pensons de nous-même qui gère nos capacités et nos performances, et c'est ce que nous nous envisageons réalisable en nous-même qui est effectivement réalisable.

C'est lorsque nous nous imposons des limites sur nos capacités que nous sommes freinés. Ce n'est pas tant le résultat final, ou la note finale qui détermine notre succès, mais bien notre attitude. Les vrais gagnants ne sont pas nécessairement ceux qui gagnent chaque partie, ce sont ceux qui font face aux difficultés que la vie leur présente, et qui sont fermement déterminés à aller de l'avant, à s'obstiner, encore, et encore ! Leur "moi" interne ne leur permet pas de faire moins bien que ce dont ils sont capables, parce que cela les empêcherait d'avancer. Le succès et l'échec ne sont pas mesurés en fonction du résultat, mais en fonction des efforts investis. Quand ce sont ces efforts qui deviennent le baromètre de notre investissement dans un projet, dans l'étude de la Torah, dans un examen, dans notre couple, dans l'éducation de nos enfants, et autres, on peut considérer que notre vie est une vraie réussite.

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